Présentation

Posted on juillet 9th, 2015

Première société de psychiatrie de l’enfant, crée en 1937, elle prend son nom actuel en 1992. La SFPEADA est une association professionnelle loi 1901 qui regroupe  des professionnels intervenant dans le domaine de l’enfance et de l’adolescence, quels que soient leur mode d’exercice et leur profession.  Selon  ses statuts, elle a pour but de « promouvoir et coordonner des études, des recherches et des actions de formation concernant les troubles mentaux, affectifs et intellectuels des enfants et des adolescents ainsi que leur traitement et leur prévention. Elle se propose de regrouper les membres des diverses professions concourant à ce but ».

La SFPEADA s’appuie sur ce que sont les équipes de  soins  en pédopsychiatrie, pluridisciplinaire, mettant en jeu la complémentarité des différentes professions. Cette ouverture aux professionnels des disciplines associée, assez récente au sein de la SFPEADA est un de ses axes forts.
Elle permet à l’ensemble des professionnels de réfléchir à leurs pratiques professionnelles, tant sur le plan théorique que dans les échanges de pratiques. Elle met à leur disposition les références professionnelles tant françaises qu’internationales à travers des journées de formations et une  revue professionnelle Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence éditée depuis 1953. Organisme de formation depuis 1979, elle organise chaque année  plusieurs  journées de formations nationales  à Paris et en Province ( y compris  depuis cette année des  formations DPC). Elle s’intéresse tout particulièrement à la formation des internes en psychiatrie et des étudiants en 3éme cycle de psychologie avec des formations dédiées.

Elle représente la pédopsychiatrie auprès des pouvoirs publics, de la direction du Ministère de la Santé, des agences de santé, de la HAS, et de diverses autres instances. Elle s’associe régulièrement aux autres associations de pédopsychiatrie (Api et SIP) et participe au conseil d’administration de la Fédération Française de Psychiatrie. Elle prend position aussi bien dans le débat professionnel que dans le débat sociétal sur toutes les questions qui concernent le bien être et la santé de l’enfant
Ses 450 membres sont dans leur très grande majorité français, mais il existe aussi  des membres étrangers. Elle dispose d’un Conseil d’Administration et d’un Conseil Scientifique qui étudie toutes les questions concernant les pratiques cliniques, les théories et la recherche en psychiatrie de l’enfant. Ces deux conseils sont élus pour un nombre d’années limitées.

Elle est membre de l’European Society for Child and Adolescent Psychiatry (ESCAP) et de l’International association for  Child and Adolescent Psychiatry and Allied Profession (IACAPAP) et participe aux conseils d’administration de ces sociétés.
Elle a organisé en 2012 le congrès de la IACAPAP avec un succès internationalement reconnu (2200 participants, plus de 1800 communications)

Principes et enjeux actuels

La Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et des Disciplines Associées (SFPEADA) est la société savante qui regroupe l’ensemble des pédopsychiatres et des professionnels qui travaillent dans le champ de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Elle a pour but de « promouvoir et coordonner des études, des recherches et des actions de formation concernant les troubles mentaux, affectifs et intellectuels des enfants et des adolescents ainsi que leur traitement et leur prévention » (article 1 de ses statuts)

La pédopsychiatrie (plus volontiers nommée aujourd’hui Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent) est une spécialité médicale reconnue jusqu’à présent par l’obtention d’un DESC (Diplôme d’étude spécialisée complémentaire) au terme des études de médecine puis d’un DES (Diplôme d’étude spécialisé) de psychiatrie ou de pédiatrie. Ce cursus universitaire correspond à 12 années universitaires. Dans son exercice professionnel le pédopsychiatre œuvre quotidiennement avec d’autres professionnels : psychologue, orthophonistes, psychomotriciens, travailleurs sociaux, éducateurs de jeunes enfants, éducateurs spécialisés, infirmiers, cadres de santé, enseignants spécialisés ou non, juges des mineurs, autres spécialistes médicaux (pédiatres, rééducateurs fonctionnels, généticiens, etc.).

Son champ d’action concerne l’ensemble des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent quelle qu’en soit l’origine. Lorsqu’ils surviennent précocement, une caractéristique fondamentale de ces troubles mentaux est d’entraver le développement de l’enfant dans toutes ses composantes. De ce fait, ils sont souvent qualifiés aujourd’hui de « neuro-développementaux », résultat d’une intrication complexe entre de multiples facteurs, génétiques, constitutionnels, néonataux, développementaux, environnementaux, traumatiques, accidentels, relationnels, sociaux, culturels, liste non exhaustive ! C’est ce que résume l’expression « approche bio-psycho-sociale ». Si le médecin somaticien (neuro-pédiatre, généticien…) s’attache à repérer, identifier et isoler les éventuels facteurs neurologiques à l’origine possible des troubles, le pédopsychiatre, quant à lui, prend constamment en compte la dimension développementale et l’ensemble des conditions pouvant entraver ce développement notamment celles de nature épigénétique, sous réserve que ce terme ne se limite pas à la compréhension du seul marquage d’un gène mais s’étende aussi aux événements et facteurs dits « environnementaux » (pollutions atmosphériques, perturbateurs divers, facteurs toxiques tel que l’alcoolisme fœtal, traumatismes, facteurs migratoires, grande précarité ou pauvreté, etc.) source possible et parfois certaine de déviance développementale. Dans cette optique les enfants identifiés comme « à haut risque » au vu des connaissances scientifiques actuelles font l’objet d’une attention particulière des pédopsychiatres d’autant que l’impact de ces facteurs de risque environnementaux concerne le développement très précoce, celui des fœtus, des bébés et des très jeunes enfants.

L’environnement proximal de l’enfant, c’est-à-dire ses proches, sa famille, les adultes qui interagissent avec lui au quotidien font à l’évidence partie de ces « facteurs environnementaux » déterminants dans ce développement. La néoténie (le fait qu’à la naissance le bébé humain est dans un état d’immaturité notable même si on a découvert aujourd’hui certaines compétences présentes dès la naissance!) rend compte à la fois de la vulnérabilité et de la plasticité développementale. Le rôle des adultes (les parents en général) est donc fondamental et peut être appréhendé comme un facteur de nature épigénétique au même titre que ces autres évènements précédemment cités.

Longtemps les pédopsychiatres ont été accusés de « culpabiliser » les parents ! Il y a là un malentendu qui doit être clarifié : évaluer la place des parents dans les conditions du développement de l’enfant et de ses éventuels troubles fait partie de cette analyse complexe prenant en compte la temporalité et la multiplicité des facteurs dont la combinatoire nous éloigne de toute idée d’une causalité linéaire simpliste… D’ailleurs si l’environnement proche de l’enfant peut être un facteur de risque, il est aussi la principale source de résilience dans de nombreux cas : ces facteurs de résilience font l’objet de nombreuses recherches actuelles. La controverse simpliste entre l’inné et l’acquis est aujourd’hui largement dépassée, le rôle structurant (ou désorganisant) de l’expérience néo-natale sur le nouveau-né puis l’enfant en développement est une donnée non seulement scientifique mais aussi d’observation clinique largement documentée.

Enfin le développement peut être aussi en lui-même source de conflits et de difficultés transitoires chez l’être humain qui « grandit ». Cela s’observe tout particulièrement à l’adolescence, mais aussi aux autres âges de l’enfance : bébé, enfant en début de scolarité, etc. De ce point de vue le pédopsychiatre s’attache toujours à différencier autant que faire se peut les troubles transitoires du développement, ceux qui en général régressent et disparaissent dans le temps, et les troubles qui non seulement se fixent et perdurent mais qui en outre entravent le bon développement, l’infléchissent, aggravant les symptômes, la pathologie et la souffrance familiale. Si cette différenciation est assez facile à énoncer et à comprendre, en pratique dans l’instant de l’entretien elle est particulièrement ardue. C’est pourquoi, sauf exception, le « diagnostic » en pédopsychiatrie nécessite très souvent une évaluation prenant en compte la temporalité et l’évolutivité des « troubles » sur une période de quelques mois.

Ainsi, plus largement que dans le champ désigné comme celui des « troubles mentaux, affectifs et intellectuels de l’enfant » le pédopsychiatre est sollicité dans des domaines multiples et souvent hétérogènes : le bébé, l’enfant, l’adolescent, en lui-même et dans sa famille, mais aussi à l’école (échec scolaire, exclusion, intégration scolaire…), dans son milieu social et culturel, les divers handicaps (sensoriels, neurologiques, intellectuels…) et leurs conséquences sur le développement, les maladies somatiques et leurs interférences physiques comme psychologiques, les rapports avec les services de l’aide sociale à l’enfance (carence, maltraitance…), les services de la justice (enfants victimes, mineurs délinquants…), les établissements éducatifs spécialisés et autres institutions où travaillent des pédopsychiatres, les modes de vie et leurs conséquences (addictions aux produits, à internet, aux jeux…), les évolutions culturelles (exemple : les troubles de l’identité de genre).

Le soin apporté à l’enfant devra tenir compte de tous ces paramètres et agir en priorité sur le levier qui apparait, à ce moment là, comme le plus mobilisateur pour l’enfant en fonction de son âge : suivi régulier en consultation de soutien, traitement médicamenteux parfois, mais aussi rééducations diverses (orthophonique, psychomotrice, neurocognitive, etc.), approches psychothérapeutiques de diverses inspirations (cognitivo-comportementale, systémique, relationnelle, psychanalytique, etc.), individuelles ou en groupe (thérapies à médiation), thérapies familiales, aménagements de vie (hôpital de jour, internat thérapeutique, placement en institution, famille d’accueil, etc.), interventions des services sociaux ou judiciaire (situation préoccupante…). Cette liste n’est pas limitative ! Le pédopsychiatre intervient comme un « chef d’orchestre » et doit avoir une bonne expérience de ces diverses approches thérapeutiques et de leur pertinence à tel ou tel moment de l’évolution des troubles. Car aucune pathologie ne relève que d’une seule et unique approche thérapeutique et aucune thérapie particulière n’est pertinente et efficace pour toutes les pathologies et à tous les moments évolutifs de celles-ci ! Enfin le pédopsychiatre doit faire en sorte que ses propositions thérapeutiques soient acceptées par l’environnement, les parents en premier lieu, mais aussi l’école, les autres institutions, voire la société elle-même… D’où la complexité habituelle de ses « prescriptions » !

Mais notre discipline traverse une grave crise essentiellement marquée par des difficultés démographiques majeures, un positionnement parfois imprécis, une crise dans la formation et le recrutement, le tout couronné par un discours médiatique souvent peu amène quand il n’est pas franchement disqualifiant. S’il y a quelques pédopsychiatres installés en privé, rarement d’ailleurs dans un exercice exclusif, la majorité de ceux-ci travaillent dans le service public ou para public (associatif) et nombreux y sont les postes ciblés « pédopsychiatrie » occupés par des médecins dépourvus du diplôme de DESC de pédopsychiatrie, psychiatres d’adulte ou médecins généralistes. Les délais d’attente dans les consultations spécialisées sont souvent d’une longueur déraisonnable, en particulier pour les jeunes enfants, et malgré les efforts et les louables aménagements imaginés, les préjugés sur la discipline sont encore nombreux dans le public ou les médias…

A cette crise on peut discerner quatre causes :

1) du côté des usagers, les parents comme les enfants, une demande croissante, parfois exponentielle liée d’une part à la sensibilité extrême des parents au bon développement de leur enfant et un désir de consulter dès la première inquiétude, demande liée d’autre part à des manifestations symptomatiques d’expression de plus en plus bruyantes chez les enfants ou adolescents (hyperactivité, troubles du comportement, violence…) ;

2) du côté de la société, une sensibilité ambivalente envers les diverses conduites symptomatique de l’enfant, vite mis à l’index comme on peut le voir fréquemment dans diverses institutions (à l’école, à l’aide sociale à l’enfance…) ;

3) du côté des professionnels eux-mêmes, un discours trop souvent conflictuel, marqué au pire par des enjeux idéologiques ou par des positions présentées comme incompatibles là où elles gagneraient à être perçues comme complémentaires ;

4) enfin une crise des « vocations » sur lesquelles nous terminerons : le nombre de pédopsychiatres en formation est notoirement insuffisant. Cela tient à : a) un manque important d’universitaires en pédopsychiatrie (PUPH) dans les facultés de médecine, plusieurs d’entre elles étant dépourvues de poste dans cette discipline (facteur à l’importance majeure car les étudiants optent souvent pour une spécialité grâce à l’enseignement reçu pendant les études de médecine) ; b) un manque de débouché universitaire (faible nombre de PUPH, mais aussi de Maitre de Conférence-Praticien Hospitalier, MCUPH, de Chef de Clinique-assistant, CCA) de sorte que le niveau d’encadrement des étudiants en DES est notoirement sous doté et que les plus motivés pour une carrière universitaire s’en détournent quand ils ne renoncent pas directement à l’exercice de cette spécialité ; c) conséquence des deux éléments précédents, une faiblesse dans la recherche même si quelques équipes malgré ces handicaps produisent des résultats notables ; d) un manque d’attractivité en terme financier (le revenu des pédopsychiatres installés en privé est le plus faible de toutes les disciplines, malgré une formation de très haut niveau) ; e) une pénurie masquée par le fait que de nombreux postes sont occupés par des médecins non pédopsychiatres ayant au mieux une formation complémentaire assez réduite (imagine-t-on un cardiologue, un chirurgien exercer sans le diplôme requis !).

Un plan ambitieux de relance de la discipline apparait nécessaire et urgent pour sortir d’une situation devenue critique où l’expression du mécontentement profond des usagers, enfants comme parents témoigne aussi de la perte de chance pour tous les enfants qui ne peuvent avoir accès au meilleur des soins faute de spécialistes formés, en nombre et en qualité. De ce point de vue nous devons exprimer notre déception suscitée par la récente réforme du DES. Si certains DESC ont bénéficié d’une option qualifiante, l’absence de co-DES (système existant dans tous les pays développés) fait craindre une projection catastrophique pour l’avenir puisqu’il risque d’y avoir plus de psychiatres généralistes qui occuperont des postes de pédopsychiatrie en étant moins bien formés à la pédopsychiatrie (les internes n’ont plus qu’un seul semestre obligatoire de formation en pédopsychiatrie) ! Un semestre de formation pour exercer une spécialité dont on espère avoir montré l’étendue et la complexité…

Octobre 2017

Les psychologues en pédopsychiatrie

Les psychologues sont présents dans les équipes d’inter-secteurs de pédopsychiatrie depuis leur création. Les circulaires du 7 Août 1963, puis celle du 15 Avril 1966 reconnaissent l’exercice des psychologues « … dans le secteur public et semi-public et notamment les dispensaires d’hygiène mentale, les hôpitaux psychiatriques, … ». Recrutés au départ pour effectuer des bilans psychologiques auprès des enfants et des adolescents, ce sont essentiellement des psychologues cliniciens qui interviennent dans les équipes de pédopsychiatrie. Au fil du temps, leurs missions se sont considérablement élargies.

En France, la psychologie clinique s’est développée sous l’impulsion de Daniel Lagache et Juliette Favez-Boutonnier. Son enseignement s’est mis en place d’abord à la Sorbonne, puis au Centre Censier dans les années 1960. Actuellement les études de psychologie s’effectuent dans des UFR de sciences humaines, le cursus comprend 5 années d’études, comportant un minimum de 500 heures de stage professionnalisant durant les 2 années Master. Il débouche sur l’obtention d’un Master 2 de psychologie. La psychologie clinique et la psychopathologie constituent une des spécialités de ce Master, celle qui a le contingent le plus important d’étudiants. Intervenant largement dans le champ de la santé et possédant un numéro ADELI, le métier de psychologue est cependant indépendant du cadre des professions paramédicales, les organisations et syndicats professionnels défendant avec force, l’autonomie des psychologues.

Leurs activités dans les secteurs de psychiatrie infanto-juvénile se répartissent en cinq domaines : le bilan psychologique, la consultation-évaluation et référence du parcours de soin, le soin psychique, le travail institutionnel, la Formation, Information, Recherche.

Le bilan psychologique permet d’appréhender le fonctionnement intellectuel et psycho-affectif d’un enfant ou d’un adolescent dans sa globalité. Parmi les tests d’intelligence on citera l’un des plus utilisés, le WISC : Wechsler Intelligence scale for Children, (la version francophone de la 5e révision du WISC date de 2016) et le KABC-II (2008) qui permet l’évaluation du fonctionnement intellectuel des enfants malentendants, ayant des difficultés plus ou moins sévères du langage ou non francophones, ainsi que des enfants et adolescents présentant un trouble du spectre de l’autisme. Parmi les tests de personnalité, deux tests projectifs sont principalement utilisés, pour les plus jeunes, à partir de 5 ans le Patte Noire de Corman (1961) ou le CAT de Bellak et Bellak (1961) ; à partir de l’âge de 8 ans on utilise le plus souvent le test de Rorschach (1921) et le TAT (Thematic Aperception Test) de Murray et Bellak (1959). Certains complètent ce bilan par la Figure complexe de Rey ou des épreuves construites à partir des théories piagétiennes du développement psychologique de l’enfant, tels que l’échelle de développement de la pensée logique (EPL, 1969) ou le test d’opérations formelles de Longeot (TOF, 1974) ou encore l’UDN 2 (1999).

Dans beaucoup d’équipes de pédopsychiatrie, les psychologues cliniciens, principalement en CMP, assurent des consultations-évaluations à visées thérapeutiques et une place de consultant référent du parcours de soin.

Ces consultations comportent des temps d’examen clinique de l’enfant, des moments d’échanges avec les parents en présence ou non de l’enfant, ce cadre ayant souvent un effet thérapeutique ou à tout le moins d’apaisement. Il peut s’enrichir de l’apport des autres professionnels de l’équipe pluridisciplinaire, pédopsychiatres, orthophonistes, psychomotriciens, infirmiers et éducateurs sous la forme de bilans ou d’observations. De même dans cette position le psychologue clinicien rencontre tous les professionnels pouvant apporter un éclairage sur les difficultés que présente l’enfant ou l’adolescent.

Les psychologues sont également largement impliqués dans les soins psychiques apportés tant aux bébés, qu’aux enfants et aux adolescents. Beaucoup de psychologues cliniciens sont formés aux psychothérapies psychanalytiques individuelles, certains utilisent aussi des approches groupales, de même que le psychodrame. D’autres pratiquent des thérapies familiales, cognitivo-comportementales ou psycho-corporelles et beaucoup co-animent des groupes thérapeutiques à médiations (contes, dessins, théâtre, musique…) avec un autre membre de l’équipe pluridisciplinaire.

Pendant très longtemps, présents dans toutes les structures de l’inter-secteur, CMP, CATTP, unités d’hospitalisation de jour ou à plein temps, Maisons des Adolescents, consultations spécialisées, pédopsychiatrie de liaison, ou centres de références, aujourd’hui ils peuvent malheureusement être aujourd’hui absents de certaines d’entre elles.

Les psychologues ont aussi un rôle institutionnel, ils disposent d’outils conceptuels issus de la clinique des groupes et des institutions, ainsi que des courants de la psychothérapie institutionnelle. Enrichis des approches psychanalytiques et systémiques, ils permettent de penser et d’analyser les mouvements psychiques qui sont en jeu dans les institutions de soins. Ils aident aussi les professionnels à mieux repérer les processus transférentiels et contre-transférentiels qui se développent avec leurs jeunes patients et leurs familles. Ils assurent à cet effet des supervisions, des régulations d’équipe ou encore analyses des pratiques, auprès des soignants et animent des groupes de réflexion clinique et institutionnel.

Très souvent, après 3 ans ou plus d’exercice professionnel, les psychologues accueillent, encadrement et supervisent les étudiants de Master 1 et de Master 2 de psychologie clinique et de psychopathologie au cours de leur stage en pédopsychiatrie. Ils sont sollicités par de nombreuses équipes d’enseignants universitaires pour participer aux jurys de soutenance des rapports de stage et mémoires professionnels des étudiants de Master 2.

Les psychologues exerçant sur un secteur de pédopsychiatrie disposent d’un temps de Formation, Informations, Recherche (FIR) qui leur permettent de consolider et d’actualiser leurs connaissances (séminaires, conférences, Diplômes Universitaires). Ils contribuent par là à enrichir les outils conceptuels et les références théorico-cliniques des équipes pluridisciplinaires. De même un grand nombre d’entre eux mènent un travail continu de réflexions sur leur pratique et leur implication (supervisions individuelles ou de groupe, psychanalyse personnelle).

L’engagement des psychologues dans des recherches relevant du champ de la clinique et la psychopathologie du bébé, de l’enfant et de l’adolescent reste encore insuffisante, bien que nombre d’entre eux soient titulaires d’un Master recherche ou d’une thèse d’université.

Aujourd’hui des psychologues spécialisés en neuropsychologie ou en psychologie du développement sont aussi recrutés, principalement en CMP ou dans les Centres Référents pour effectuer des bilans spécifiques. Ces recrutements nouveaux correspondent à l’évolution que connaît la pédopsychiatrie, dans les abords diagnostiques et thérapeutiques des troubles dits « neuro-développementaux » de l’enfant, tels que ceux du spectre de l’autisme ou ceux spécifiques des apprentissages. Cependant la compréhension du fonctionnement mental de l’enfant et de ses aléas, gagne à être appréhendée sous l’angle des processus complexes qu’il met en jeu, elle ne peut se réduire à la prise en compte d’un seul modèle épistémologique quel qu’il soit. Traversant actuellement avec les autres professionnels, une crise sans précédent en pédopsychiatrie, les psychologues cliniciens contribuent pleinement au fonctionnement des secteurs de psychiatrie infanto-juvénile. Ils s’imposent comme acteurs incontournables des mutations à venir dans l’organisation des dispositifs de diagnostic et de soins de demain. Les psychologues représentent cette exigence d’interdisciplinarité et de réflexions critiques, essentielle au maintien d’une pédopsychiatrie riche de ses spécificités et de ses singularités, parmi les autres disciplines médicales.

Présentation de la psychomotricité dans le champ de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, ses principes, ses champs d’action et les enjeux actuels

Le psychomotricien, professionnel de santé, conçoit, élabore et réalise des actions d’éducation psychomotrice, de prévention, d’éducation pour la santé, de rééducation, de réadaptation et de thérapie à médiation corporelle.

Le psychomotricien s’adresse au sujet dans son unité somatopsychique et dans ses interactions avec l’environnement. Il fonde son intervention sur le mouvement, l’action, la communication verbale et non-verbale, les émotions et les représentations. Il accompagne le sujet dans sa capacité à percevoir, agir, être et symboliser. Il intervient auprès des enfants et adolescents, porteurs de troubles développementaux, instrumentaux, d’une pathologie somatique et/ou psychique, et du sujet en situation de handicap.

L’exercice est réglementé par l’Article L.4332-1 et suivants du Code de la Santé Publique ; le psychomotricien est amené à exercer son métier dans des établissements ou services publics ou privés, éducatifs, sanitaires, médico-sociaux, sociaux, pénitentiaires, en milieu professionnel, de loisir ou sportif, dans le cadre d’un exercice libéral ou dans les structures d’accueil de la petite enfance.

Concernant l’exercice en libéral, il nous faut rappeler que les psychomotriciens travaillent sur prescription médicale (bilan psychomoteur et soins en psychomotricité) même si les actes ne sont pas remboursés par la CPAM. Néanmoins, de plus en plus de mutuelles complémentaires remboursent en partie les actes sur présentation de facture ; de même pour les familles ayant obtenu l’accord de la MDPH pour le suivi en psychomotricité. Par ailleurs dans le cadre des interventions précoces, 10 séances de prise en charge à domicile ou au cabinet sont remboursées lorsque les psychomotriciens sont inscrits dans les réseaux de périnatalité. Plus récemment, dans le cadre de l’évaluation et du traitement des troubles neuro-développementaux, le bilan psychomoteur ainsi que les interventions du psychomotricien suivant les bonnes pratiques de la HAS1 seront pris en charge également par la CPAM, moyennant un forfait lorsque les professionnels seront inscrits sur les plateformes2.

Plutôt représentés dans le soin comme auxiliaires de médecine, les psychomotriciens portent pourtant fortement dans leur identité une composante préventive et éducative légitime, de par leur parfaite connaissance du développement psychomoteur, cognitif et psychopathologique mais aussi par leur approche du corps dans toutes ses intelligences.
Un développement psychomoteur harmonieux permet à l’enfant de solidifier les prérequis nécessaires au « lire, écrire et compter » et aux autres compétences sollicitées à l’école. La psychomotricité aide donc les enfants à revenir à l’expérimentation par le corps et le jeu, et ainsi repasser par la sensation et la perception, indispensables à la représentation et à la compréhension.

Les indications :

Les troubles psychomoteurs se définissent comme des symptômes « à expression corporelle » ou comportementaux du fonctionnement du sujet. Ces origines sont diverses : d’ordre neurologique, physiologique, psychologique… Ces troubles entravent le fonctionnement et les potentialités du sujet, qu’elles soient motrices, affectives ou cognitives.
Le bilan psychomoteur et son observation nécessaire sont le lieu de la première rencontre et de la posture du psychomotricien clinicien.
Les indications se sont élargies depuis le décret de compétences de 1988 et de 1991. Au départ, elles s’orientaient surtout autour de la récupération des désordres moteurs ne répondant pas obligatoirement à des lésions neurologiques telles que les avaient décrites Dupré : les difficultés d’intégration du schéma corporel, du temps et de l’espace et des conséquences qu’elles pourraient avoir sur le développement ultérieur de l’intelligence, sur l’amélioration des moyens de communication et d’expression. Elles se sont orientées également vers la thérapie des troubles affectifs et cognitifs avec ou sans expression psychomotrice.
Quel que soit le champ : prévention, éducation ou le soin, la psychomotricité aborde le corps comme un archéologue, et avec un kaléidoscope de référentiels : configuration objective neutre (anatomie), fonctionnelle (physiologie), psychologique (image du corps, ou schéma corporel), phénoménologique (conscience du corps propre ou vécu corporel), et philosophique.
Les rééducations psychomotrices se basent sur un travail autour des notions fondamentales en psychomotricité : l’espace/le temps, le tonus, les coordinations, le schéma corporel, la motricité fine…… Les processus de rééducation psychomotrice s’appuient sur la plasticité psychomotrice en particulier, pour encourager, par l’expérience, le plaisir et l’entrainement, une forme plus ou moins grande de réorganisation psychomotrice et une récupération, plus ou moins complète des fonctions psychomotrices, perceptives et sensitives.
Les thérapies psychomotrices s’inscrivent dans une démarche qui va chercher l’étiologie du symptôme, du trouble, du retard psychomoteur et qui interroge ceux-ci dans ses dimensions cognitives, affectives et motrices. Le psychomotricien étaie son approche thérapeutique sur le bilan, l’observation et l’expérience corporelle vécue ensemble et engagée dans la relation, et sur la mise en sens, en paroles, en pensée qu’il co-élaborera avec la famille. Le lien est au premier plan. Le psychomotricien choisit et met en œuvre des techniques ou des médiations telles que : la conscience corporelle , l’expressivité du corps , les relaxations thérapeutiques , le jeu dramatique et le travail du « Jouer avec », le toucher thérapeutique, les enveloppements et les techniques issues du sport adapté.

Ces techniques ou médiations sont le support de la relation avec le sujet. Elles peuvent être utilisées dans une visée psychothérapique, notamment pour leur dimension projective et leur capacité à favoriser le réaménagement des représentations de soi.

Nombre de professionnels articulent les deux positions, occupant successivement les rôles de thérapeutes et de rééducateurs ; c’est souvent la clinique, c’est-à-dire la manière dont le sujet malade se présente qui organise l’intervention du psychomotricien, entre celle d’un thérapeute non directif et celle d’un rééducateur. Les interventions du psychomotricien s’inscrivent souvent dans un projet de soin pluridisciplinaire et les échanges avec les autres professionnels impliqués font partie de ses axes de travail.

Les compétences travaillées en psychomotricité sont : l’apprentissage moteur , latéralisation, fonction tonique, fonction posturale, motricité globale, motricité manuelle, graphisme, motricité expressive, compétences transversales instrumentales (résolution de problèmes, éveil sensoriel et perception, perception du corps, de l’espace, du temps) et compétences transversales relationnelles (confiance, compétence, puissance, appartenance, limites).
La psychomotricité se conçoit donc comme un facilitateur du développement cognitif en agissant sur les compétences transversales, instrumentales et relationnelles, nécessaires aux apprentissages. Elle permet d’établir des relations avec l’espace, le temps, lui-même, les autres et la matière. Elle permet la résolution de problèmes et l’accueil des émotions.

Vers une nouvelle définition du métier

Il est indéniable qu’à la force du poignet la profession de psychomotricien s’affirme. Nous remarquons qu’elle est nommée dans de nombreux plans ou rapports de santé publique, notamment dans le plan autisme. Le numerus clausus n’a cessé de croître ces dix dernières années comme le nombre d’instituts de formation qui est passé de 7 à 15, couvrant un territoire national mieux réparti.

Dans les travaux de réingénierie menés depuis 2008 à la demande de la DGOS3, un groupe de production s’est réuni régulièrement pour écrire les trois référentiels nécessaires (métier, compétences et formation). Une nouvelle définition de la psychomotricité a été élaborée, notamment dans une perspective développementale. Le dernier rapport IGAS-IGAERN d’aout 2017 préconise une formation en 5 ans avec un grade Master. La profession ne connait pas le chômage et la régulation du flux fonctionne bien, évitant ainsi des territoires désertifiés. Le nombre de psychomotriciens poursuivant leurs études en Master, voire en Doctorat est en progression chaque année. Parallèlement le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche souhaite créer une section CNU de rééducateurs, ce qui pourrait asseoir d’autant plus le métier et laisse espérer une vraie ouverture vers la recherche en psychomotricité.

Mai 2019

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